Le fruit de la connaissance du bien et du mal avait un microprocesseur Motorola 68000.
Je n’avais pas encore 5 ans quand la petite boite beige a été présentée avec son écran monochrome et son interface graphique ; je n’ai donc pas vécu cette révolution là. D’ailleurs, de manière décalée, pour moi le Macintosh était l’Ordinateur, celui, on ne peut plus sérieux, trônant sur le bureau de ma mère pour faire la comptabilité de médecins[1]. Celui aussi, perdu au milieu d’oscilloscopes, de circuits imprimés, de fers à souder et de composants électroniques, sur le coin d’une paillasse d’atelier au 24 de la rue Lhomond où je retrouvais parfois mon père. Ce Mac là bipait au rythme des nouveau messages électroniques annoncés par Eudora. Un ordinateur vraiment, vraiment, très sérieux donc : dédié aux comptables et aux ingénieurs ou scientifiques ; pas une machine d’artiste ou de graphiste.
En même temps… cet ordinateur à la pomme bigarrée était également celui qui me permettait de jouer à airborne de temps en temps (ah, la Chevauchée au lancement), à Crazy cars (ah le crissement des pneus) ou Sim City (plus tard). Il me donnait aussi la possibilité de dessiner, carré après carré, de chouettes images avec des avions et des hélicoptères que j’imprimais sur un monstre bruyant appelé ImageWriter II. Ah, je rêvais d’avoir le mien pour en disposer quand je voulais. Bon, ceci-dit j’avais des Lego. C’est bien les Lego aussi.
Mon premier ordinateur ne fut cependant pas un Mac mais un massif IBM XT de récup. avec son écran CGA assorti. J’ai alors eu deux vies informatiques parallèles : le compatible PC avec les copains pour jouer, faire semblant de programmer et Flight Simulator. Le mac familial (de mémoire : SE FDHD, SE/30, LCII puis 475) pour rédiger des textes, les mettre en page et faire de la musique : j’avais eu un clavier maître Midi et une boite à son Yamaha se branchant sur le port série du Mac, livré avec Cubase lite.
Un jour, enfin, je récupérais mon propre Macintosh : un SE ayant appartenu à un chercheur fumant le cigare. Avec mon frère et mon père nous avons du le démonter entièrement, lessiver le boitier, les câbles, aspirer l’alimentation, passer à l’alcool les circuits imprimés et le clavier. Malgré tout cela et des années après, quand je l’allumais, il exhalait toujours une bouffée de cigare froid ! Il m’a servi à rédiger mon rapport de stage de troisième[2] et à nourrir mes envies d’écritures. Je l’ai gardé longtemps ce petit boitier tandis que mon PC « pour les jeux et Internet » évoluait de la carte-mère au boitier.
Vient la parenthèse du lycée qui passe — mal, mais qui passe quand même — et me donne au moins l’occasion de faire un stage (merci parrain) dans un studio de pré-presse et de découvrir l’école Estienne. École que j’intégrais finalement en 1998. En 1999, pour mes vingt ans, un magnifique G3 dans sa tour el capitãn remplace le SE/30 qui rejoint un lot donné à un instituteur (du centre de la France je crois). C’en était fini du PC sous windows[3].
Rédigé à Toulouges en janvier 2014, modifié pour la dernière fois le 18/08/2024.