[inventaire] tentative d’épuisement de mon bureau parisien
Il y pas loin de dix-sept ans j’avais publié le texte suivant, inspiré par la lecture — alors toute récente — de Penser/Classer de Georges Perec. Je trouve intéressant d’entamer ces publications dominicales par quelques fragments du passé. L’exercice à d’ailleurs pour moi ceci de constructif : sa relecture me donne l’occasion de prendre du recul par rapport à mon parcours — sans nul-doute atypique —
à la veille de changer une fois de plus de poste mais, cette fois, pour en quelques sorte des retrouvailles.
À ma droite, en tailleur sur le lit de la chambre d’ami, ma fille puînée fait quelques exercices de japonais et de coréen sur la célèbre application à la chouette verte. Devant moi, le live twitch de Boulet en sourdine et, à l’évidence, ma machine à écrire portable : un ordinateur de récup’ sous Debian. Partout autour, mes pensées, mes impressions, ma conscience de ma fille, de la planche de découpe sur mon bureau et de la poussière sur son plateau de verre noir, des mots de boulets, de ses traits de stylet et de la lumière orangé de l’éclairage publique. Comme d’habitude j’ai du mal à être à mes mots.
« Benoît, viens t’asseoir avec nous. Ne reste pas debout ! » Combien de fois, enfant puis adolescent, ai-je été invité ainsi à rejoindre un groupe ? Je n'en ai jamais tenu le compte. Cela était même devenu un sujet de plaisanterie pour mes amies et amis. Pourquoi cette attitude, cette position de retrait qui étonne ?